Longtemps, mon humaine Emie a cru que m'aimer suffisait à me donner ce dont j'avais besoin… et vous vous en doutez sûrement : elle avait tort. Depuis petite, elle aimait pourtant apprendre un maximum de choses sur mon espèce (les races, les spécificités génétiques, les méthodes de dressage…), mais elle ne savait pas encore qu'il ne s’agissait en réalité que d'un intérêt plutôt superficiel. Elle était inspirée, comme beaucoup, par d’anciennes méthodes anthropocentrées, relayées par son entourage ou les médias.

Alors oui, elle m’a toujours trouvée fascinante, mais les vrais observateurs c'est nous, les chiens : indéniablement, nous sommes plus doués que vous ne le serez jamais pour comprendre vos émotions et les comportements bizarres qui vont avec. Malheureusement, si la réciproque est rarement vrai, cela n'a pas empêché ma primate de compagnie de penser qu'elle serait capable de traverser le pont qui nous séparait sans aide. Quelle naïveté ! Avec toute sa bonne volonté, elle a parfois fait plus de dégâts que de bien. Heureusement, elle a fini par apprendre, malgré elle, malgré moi, que sous prétexte de nous aimer, vous les humains agissez souvent d’une manière étrange !

Après notre rencontre à la SPA, je dois avouer que je lui en ai fait voir de toutes les couleurs. Elle n’avait pas encore les bonnes clés pour me comprendre, et réagissait souvent maladroitement face à mes angoisses : les humains qui me mettaient mal à l'aise (je fuyais les randonneurs, je me figeais et mouillait le sol quand on s'approchait trop vite de moi), les autres chiens qui me terrorisaient (d’abord la fuite, puis la colère, puis les attaques), et toutes les stimulations du quotidien que je ne comprenais pas. Ça faisait beaucoup trop...

À l’époque, sa solution semblait simple : obéissance, contrôle, immersion. Spoiler alert : ça ne réglait rien. Ça ne faisait que déplacer le problème, masquer mon mal-être… et la rassurer, elle. Enfin, un temps, car cette stratégie était vouée à l'échec. Elle cherchait des solutions rapides, comme si je n’étais qu’un petit robot à reprogrammer. Au final, c’est elle qui était devenue un robot au fil des années, essayant d’incarner une idée de réussite qui ne lui ressemblait pas.

Quelque part, c’est moi qui l’ai réparée. En voulant m'aider, et en écoutant son vieux rêve de travailler un jour avec mes congénères, elle a finalement pris un nouveau chemin. C'était pas trop tôt ! De fil en aiguille, mon humaine a découvert l'existence d'une troisième voie, face aux méthodes basées sur le contrôle ou sur la permissivité : une approche cohérente, respectant à la fois mes besoins et les siens.

C’est comme ça qu’est né Patte Cotée. Un projet qui invite à prendre le temps, à explorer de nouvelles façons de vivre ensemble, à s’inspirer de l’éthologie et de la psychologie humaine. Aujourd’hui, Emie continue d’apprendre : elle m'observe moi et mes copains bien plus finement qu'auparavant, elle lit, elle se forme, et multiplie stages et webinaires… Tout ça, dans l’espoir sincère que sa compréhension de la systémie qui nous unit à votre espèce pourra vous aider, vous aussi, dans votre propre histoire.

Quant à moi, j'adore les humains et j'aime bien mes congénères s'ils sont calmes maintenant... et oui, le temps  fait son œuvre... la patience et la bienveillance aussi ! Du haut de mes 14 bougies, de nouvelles problématiques incontournables apparaissent : des douleurs physiques s'installent, tandis que mes capacités cognitives déclinent... C’est la vie, faite de mouvements et de défis : la beauté du chemin réside dans notre capacité à être résilients, et à faire des choix qui ont du sens pour préserver notre complicité. La seule chose qui compte est que l'on apprend encore ensemble. Emie continue de faire des erreurs, c'est vrai - elle reste humaine -, mais nous sommes désormais plus efficace pour les transformer en opportunités d’apprentissage. Je vous en souhaite tout autant !

Qui est cette humaine ?

Toon